En 2011, pour les 20 ans de sa licence la plus iconique, SEGA sortait Sonic Generations. Un épisode très spécial qui avait un objectif principal : conjuguer le passé et le présent pour rendre hommage à l’une des plus grandes mascottes du jeu vidéo. Un mariage réussi des formules 2D et 3D qui a débouché sur l’un des meilleurs jeux de la franchise. Plus d’une décennie plus tard, l’éditeur japonais a décidé de ressortir cette lettre d’amour de son placard pour une raison bien particulière. Une décision raisonnable ? C’est l’heure de notre test.
SEGA a su célébrer d’une fort belle manière le vingtième anniversaire du concurrent de Mario avec Sonic Generations. Une œuvre qui a condensé le meilleur de deux décennies d’aventures survoltées, colorées, pour toucher les nouveaux-venus comme les anciens joueurs. À travers Sonic X Shadow Generations, l’éditeur souhaite à la fois remettre en lumière son jeu avec un remaster pour celles et ceux qui l’ont manqué, mais aussi développer sa stratégie transmédia avant la sortie de Sonic 3 le film au cinéma à compter du 25 décembre 2024. Une nouvelle version dont l’attrait principal n’est autre que le contenu inédit sur l’antagoniste du prochain long-métrage live-action Sonic.
L'atout principal de Sonic X Shadow Generations
Ayant déjà terminé Sonic Generations à l’époque de sa sortie, la curiosité de votre serviteur l’a poussé à sélectionner d’emblée l’écran-titre de Shadow pour découvrir la toute nouvelle campagne du jeu. Un chapitre inédit où le hérisson au pelage noir et rouge va devoir revivre de tristes souvenirs et faire face à une menace redoutable de son passé, Black Doom, au cours d’un voyage à travers le temps et les dimensions. Une histoire qui ne brille guère par son écriture, ni son intérêt, mais qui a au moins le mérite d’essayer de continuer à faire évoluer la franchise.
Après une introduction explosive à cent à l’heure dans le premier acte de la Colonie Spatiale, un haut lieu de Sonic Adventure 2 (entre autres), notre hérisson anthropomorphe est expulsé dans l’Espace Blanc. Une zone semi-ouverte assez vaste, qui se dessine sous nos yeux à mesure que l’on progresse, garnie de pièces à ramasser ou encore de coffres à débloquer pour obtenir des illustrations des différents jeux par exemple. Et déjà, là, on touche à un point faible de cette nouvelle virée avec Shadow. Plutôt que d’avoir quelque chose de très direct, comme dans Sonic Generations, on nous met à disposition un terrain de jeu plus étendu avec parfois des plateformes aériennes à activer comme dans Sonic Frontiers.
Malheureusement, cette dimension « monde ouvert » - avec de gros guillemets - est encore contreproductive à notre sens, car ce que l’on veut avant tout, c’est traverser les niveaux, sans temps mort, et les retraverser pour améliorer notre score si besoin. Bref vivre l'expérience Sonic originale. Or ici, ce parti-pris a tendance à casser cette dynamique et le hub n’est pas suffisamment tape à l'œil pour piquer notre intérêt. La proposition nous laisse de marbre quand elle ne nous agace pas avec des défis sur le pouce, comme ramasser un certain nombre de pièces dans un temps imparti, qui ne font qu’accentuer certains problèmes de gameplay et les choix de level design. Mais on vous rassure, tout ou presque dans le hub est optionnel, à l’exception des Actes de défi. Ce sont des portails qui renferment des niveaux bien plus courts que l’on doit terminer en remplissant des conditions comme passer à travers un certain nombre de Rings d’accélération, ramasser un nombre de Rings défini ou encore détruire X cibles avant la lignée d’arrivée.
En cas de réussite, on libère des clés qui permettront de déverrouiller les passages vers tous les boss du jeu. De ce côté, Shadow Generations est plus généreux que Sonic Generations grâce à des ennemis XXL qui ont chacun des patterns plus développés. Si les mécaniques restent simples, il y a un effort pour intégrer les pouvoirs de Shadow et donc enrichir ces affrontements. Contrairement au hérisson bleu, notre créature noire et rouge se voit en effet confier des compétences spéciales tout au long de l’aventure. Des aptitudes surpuissantes qui lui permettent de ralentir le temps, d’électrifier ses adversaires pour les étourdir ou ouvrir des portes, de voler en déployant ses grandes ailes noires, de surfer sur des surfaces aquatiques, d’atteindre des zones en hauteur en projetant un ennemi dans les airs ou encore de franchir des coins rongés par un mal en se transformant en une créature étrange.
Des combats assez réussis dans le genre grâce à la mise en scène bien moins plan-plan que toutes les rencontres de Sonic Generations. Dommage en revanche qu’il n’y en ait que quatre contre sept pour l’aventure du hérisson bleu. Cette volonté d’offrir une mise en scène plus actuelle, et plus impressionnante, se retrouve aussi dans les niveaux. À l’image de la campagne initiale, les niveaux de Shadow revisitent certains des décors emblématiques des précédents jeux avec une réalisation plus aboutie en termes de rythme et d’action, tout en jouant encore l’alternation entre les deux perspectives 2D et 3D. Ça explose souvent, on saute partout, on se catapulte sur des rails à une vitesse folle grâce au boost en écoutant une bande-son où les gros riffs de guitare sont légion. C’est clairement plus dynamique, nerveux, et on a pris beaucoup de plaisir alors même qu’on fait plutôt partie des fans des jeux 2D. Malgré cela, tout n’est pas parfait. Dans les bémols, on regrette que les niveaux de Shadow dans ce Sonic X Shadow Generations soient aussi tristounets et qu’ils ne soient pas plus flatteurs d’un point de vue graphique. Si l’on apprécie grandement la mise en scène survoltée et le rythme, qui offre son lot de sensations fortes et qui nous met dans des situations folles, il faut bien reconnaître qu’elle est également à l’origine de gros problèmes par moments.
Un portage plus qu'un remaster
À trop vouloir en faire, on peut vite perdre le fil de ce qui se passe et trouver la mort car on ne sait plus où aller. Un constat qui s’aggrave quand la caméra s’en mêle et ne se place pas au bon endroit. De même, si l’on aime assez l’implémentation des pouvoirs, son exécution laisse à désirer de temps à autre. La faute à une physique hasardeuse ou de grosses imprécisions qui peuvent rendre fou. Ça se voit surtout lorsqu’on doit utiliser la compétence du surf ou de la transformation dans le hub par exemple.
Avec Shadow Generations, SEGA semble avoir trouvé la bonne formule pour le futur de sa franchise culte. Certes, la recette doit être peaufinée, mais c’est plus emballant que lorsque les équipes ont tenté le monde ouvert avec Frontiers. Mais quid de Sonic Generations ? C’est un remaster paresseux. Et si l’on compare cela à d’autres récents tels qu’Horizon Zero Dawn Remastered ou Until Dawn, on est plus sur un portage qu’autre chose. Oui, vous allez percevoir une résolution plus élevée et une suppression de l’aliasing sur les décors ainsi que le hérisson bleu, mais pour le reste, ça va être difficile de voir une différence nette capable de justifier l’achat. Les couleurs sont plus éclatantes que jamais, surtout des niveaux mythiques comme Green Hill, et c’est fluide, mais ça s’arrête là. Il y a bien des nouveautés, mais elles sont ailleurs.
En effet, désormais, il y a plus de Rings Rouge à ramasser et des Chao - les petits animaux mignons - à sauver. Pour être plus en adéquation avec l’époque actuelle, Sonic Generations a également revu certains dialogues et la façon de présenter certains personnages comme Amy. Si vous n’avez qu’un vague souvenir de l’original, vous n’y prêterez peut-être pas attention. Pour le reste, tout est identique pour le meilleur comme pour le pire. Forcément, Sonic Generations souffre directement de la comparaison avec Shadow Generations, et ne parvient pas à cacher son âge avancé en termes de gameplay, de mise en scène, de rythme ou de level design. Si vous ne voulez pas regretter la balade, on vous invite donc à découvrir la campagne du hérisson bleu en premier lieu. Mais cela étant dit, ce Generations demeure l'un des meilleurs jeux même après tout ce temps, et malgré ses errements.